Le gouvernement hébreu a autorisé l'immigration en Israël de cinquante membres d'une tribu oubliée. La fin d'un exil de près de 3 000 ans.

Les Bnei Menashe seraient des descendants de l'une des dix tribus perdues d'Israël.

Les Bnei Menashe seraient des descendants de l'une des dix tribus perdues d'Israël. © Anupam Nath / AP/SIPA

Par Jean-Noël Mirande

On les appelle les Bnei Menashe, "enfants de Manassé" en hébreu. Ils habitent le nord-est de l'Inde, dans les États de Mizoram et du Manipur, et appartiennent à un groupe de langues mizo. Pour la première fois depuis 2007, une cinquantaine de ces Indiens ont effectué lundi leur alya (littéralement "montée") en Israël. Cette discrète vague d'immigration devrait entraîner des milliers d'autres Bnei Menashe à les suivre dans les mois qui viennent, rapporte le quotidien israélien Jerusalem Post.

Le ministère de l'Intérieur de l'État hébreu a autorisé environ 250 immigrés à s'installer en Israël en juillet. L'association Shavei Israel (retour en Israël) a déclaré qu'avec l'aide du ministère de l'Immigration ces familles poseront leurs valises en Galilée (nord du pays). 

Les Bnei Menashe seraient descendants d'une des "dix tribus perdues d'Israël", dispersées après la chute du royaume d'Israël, lorsque les Assyriens s'emparèrent du trône en - 722. Durant leur exil, les populations juives s'établirent en Europe et en Asie, notamment à Babylone. Un petit groupe se serait installé à la frontière birmane, en Inde, conservant durant presque 3 000 ans leurs coutumes juives, mais oubliant peu à peu leurs origines. 

C'est dans les années 1950 que certains d'entre eux prennent conscience de leur judéité. À partir des années 70, de plus en plus de Mizo se mettent à pratiquer le judaïsme, apprenant les bases des rites orthodoxes. Au début des années 90, quelques rabbins donnent leur accord à la conversion des membres du groupe, et les premières immigrations sur la terre trois fois sainte commencent en 1994. Les Bnei Menashe sont en 2005 officiellement reconnus comme faisant partie de l'une des tribus perdues d'Israël par le grand rabbin Shlomo Amar. Deux ans après, ce sont pas moins de 1 700 Mizo qui quittent l'Inde pour la Judée.

Des origines controversées

Au fil des années, des doutes sont apparus quant à l'authenticité du judaïsme de ces Indiens. Pendant cinq ans, le gouvernement israélien n'a donné aucun visa aux Bnei Menashe. Leurs origines n'ont jamais été authentifiées, et un grand nombre d'Israéliens sont d'avis qu'ils ne sont pas juifs. On accuse une immigration économique, dont le but serait d'augmenter la démographie juive face à la population arabe israélienne grandissante. L'ancien ministre de l'Intérieur de l'État hébreu Avraham Poraz affirme même qu'ils ne seraient que des "villageois qui cherchent à fuir la pauvreté". 

Bien qu'il ait admis l'origine juive des Mizo, le rabbin Shlomo Amar a tout de même tenu à ce qu'ils se convertissent au judaïsme avant d'émigrer. Cette décision a suffi à alimenter les contestations des Israéliens et a été mal acceptée par le gouvernement indien, qui a mis un terme à ces conversions. L'affaire resta au point mort durant cinq ans. Jusqu'à maintenant, car Israël a désormais donné son accord pour qu'à long terme les 7 200 habitants qui composent l'ensemble des Bnei Menashe soient accueillis en Terre promise.

Michael Freund, l'ancien assistant de l'actuel Premier ministre Benyamin Netanyahou et président de Shavei Israel, a déclaré que "le retour à Sion de cette tribu perdue [...] n'est rien de moins qu'un miracle". Enjeu politico-religieux ou véritable retour aux sources, ce "miracle" a de quoi faire resurgir de nombreux débats sur l'identité d'un peuple en mal d'une terre ancestrale. 

Le Point.fr -  Inde : retour en Terre sainte d'une tribu perdue

 

Commentaires

isaiele 27/12/2012 à 10:34

Les tribus d'Israël

Il est vrai que Manassé était un des fils de Joseph, le fils favori de Jacob/Israël. Cette tribu a été déportée par les assyriens. Donc il est nettement possible qu'ils soient de cette tribu. Maintenant, quels sont les critères ethniques et sociaux qui ont permis d'identifier ces gens là, je ne les connais pas. Je sais bien que les tribus du nord avaient été fortement syncrétistes et c'est pour cela qu'elles ont été dispersées. Mais s'ils sont bien des descendants de cette tribu, alors c'est magnifique. Israël est en train d'être réuni en vue du retour du Christ, son Roi et celui des chrétiens. 
Mais malheur à la colère du Messie lors de son retour pour les nations et pour tous ceux qui ont contrevenus aux lois de Dieu.

ouizrenle 27/12/2012 à 12:26

Problème

Ils ont des traits asiatiques, preuve que leurs ancêtres se sont métissés au cours des 3000 ans. Dans le même temps cela prouve que les juifs actuels ont été tout aussi métissés avec les populations "d’accueil". Sans compter les populations converties au cours des milliers d'années à nos jours. Cela veut dire que la terre "promise" est de nos jours tout autant la patrie de nombreux peuples à travers le monde qu'elle l'est réclamée pour les juifs. Préciser aussi pour savoir si être juif est une confession ou une ethnie. Problème de crédibilité pour les partisans de la patrie du seul "peuple juif" au bout du compte.

jomhod031le 27/12/2012 à 09:34

@clitandre

Je suis d accord avec vous sur les origines de ses peuple ! Maintenant j'ai une très bonne information les pachtounes en Afghanistan, plus connus sous le nom de talibans, seraient en réalité l une des douze tribus perdu d Israël, paroles d un grand rabbin a l appui.

Bizarre, bizarre !

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas la tête de l'emploi. Avec leur allure franchement asiatique, ils ne presentent pas les traits sémitiques que l'on s'attendrait à retrouver chez les descendants d'une antique tribu d'Israel. D'un autre coté, les problemes d'intégration de ces transfuges seront sans doute importants et on ne voit pas très bien l'intérêt de l'Etat d'Israel la-dedans.

 

Henricananle 27/12/2012 à 07:46

La "tête de l'emploi" ?

@ A Clintandre. La "tête de l'emploi" comment ? Comme Jésus qu'on a revêtu d'une tunique de Nessus en lui attribuant l'allure d'un guerrier nordique, alors qu'il devait être brun et crépu ? 
Ou alors celle des caricatures du Stürmmer : le juif au nez aquilin, aux joues creuses et aux yeux exorbités ? 
Savez qu'en Israël coexistent plus de 120 ethnies, africaines méditerranéennes, slaves, européennes, indiennes, asiatiques et même, étonnez-vous, peau-rouge (vous en avez un bon échantillon sur internet si cela vous intéresse. ) ! Elles ont toutes en commun d'être rattachées à une culture, une histoire et une spiritualité qui s'appelle le judaïsme. Lequel ne procède pas d'une souche humaine spécifique.